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Principes communs CATF-EDF sur la déclaration des émissions de méthane pour 45V

1er juillet 2024 Domaine d'activité : Hydrogène

Ce blog a été rédigé conjointement par des experts politiques de Clean Air Task Force et de l'Environmental Defense Fund. Nos organisations ont pour objectif commun de maximiser les avantages climatiques du déploiement de l'hydrogène propre et de réduire les émissions de méthane provenant des activités pétrolières et gazières. Des séries individuelles de commentaires sur le crédit d'impôt pour la production d'hydrogène 45V provenant de CATF et de l 'EDF ont également été transmis au département du Trésor des États-Unis.

Alors que les États-Unis investissent des milliards de dollars dans l'hydrogène propre en tant que solution de décarbonisation, le crédit d'impôt 45V pour la production d'hydrogène propre est appelé à façonner l'avenir de l'industrie de l'hydrogène et son impact potentiel sur le progrès climatique. Le 45V offre une incitation à la production d'hydrogène propre, quelle que soit la méthode utilisée, pour autant que l'intensité des gaz à effet de serre (GES) soit inférieure à un certain seuil - et plus l'hydrogène est propre, plus les producteurs peuvent prétendre à un crédit d'impôt. 

Clean Air Task Force (CATF) et Environmental Defense Fund (EDF) soutiennent fermement l'objectif de 45V, qui est d'encourager la production d'hydrogène véritablement propre. Les spécificités de cette incitation fiscale - la manière dont les émissions de gaz à effet de serre sont comptabilisées - sont très importantes, et les deux organisations ont suivi de près les détails.

Le Trésor a publié un projet de directives en décembre 2023, qui comprenait un cadre solide pour la comptabilisation des émissions induites sur le réseau pour l'hydrogène produit par électrolyse. Mais le traitement proposé par ces orientations pour l'hydrogène d'origine fossile pose certaines questions, en particulier lorsqu'il s'agit de comptabiliser les émissions de méthane en amont des opérations pétrolières et gazières.

Les émissions de méthane provenant de la chaîne d'approvisionnement en pétrole et en gaz sont l'un des facteurs les plus importants affectant l'intensité globale des GES de l'hydrogène d'origine fossile. Le potentiel de réchauffement du méthane est plus de 80 fois supérieur à celui du CO2 sur une période de 20 ans et 30 fois supérieur sur une période de 100 ans, et des taux de fuite élevés peuvent réduire considérablement les avantages climatiques de l'hydrogène propre. Pour s'assurer que nous encourageons les investissements dans des projets à faibles émissions, les orientations de 45V doivent refléter avec précision les émissions de méthane de l'hydrogène d'origine fossile et encourager la poursuite de la réduction des émissions.

CATF et EDF estiment que les principes suivants devraient guider les décisions relatives à la comptabilisation du méthane pour l'éligibilité de l'hydrogène 45V :

1. Les émissions de méthane varient considérablement d'une entreprise à l'autre et d'une zone géographique à l'autre ; une moyenne nationale unique masque les véritables émissions du projet.

Les émissions de méthane du pétrole et du gaz varient considérablement en fonction de la géographie, de l'infrastructure et des pratiques opérationnelles des installations en amont. Les taux de fuite peuvent aller de moins de 1 % (par exemple, dans la région de Marcellus) à plus de 4 % (par exemple, dans les bassins de Permian et d'Uinta). L'utilisation d'une moyenne nationale unique dans le modèle 45V-GREET masque cette variabilité. 

Ce taux de fuite fixe est à la fois trop et trop peu représentatif des véritables émissions en amont. D'une part, il permet aux exploitants dont les chaînes d'approvisionnement sont plus polluantes de revendiquer une intensité d'émissions artificiellement faible pour leur production d'hydrogène, sans les inciter à améliorer leurs émissions sur l'ensemble du cycle de vie. D'autre part, un taux fixe n'incite pas les exploitants à créer des chaînes d'approvisionnement plus propres en les empêchant de bénéficier d'un crédit d'impôt plus élevé au titre de l'article 45V lorsqu'ils s'approvisionnent en gaz auprès de bassins ou de fournisseurs plus propres. Les projets à faibles émissions pourraient ainsi devenir économiquement non viables dans le cadre de la section 45V, ce qui les amènerait à se tourner vers la section 45Q, qui ne prévoit aucune exigence en matière d'intensité carbonique ou de réduction du méthane. 

En outre, on sait que la moyenne nationale actuelle du modèle 45V-GREET, à savoir 0,9 %, est une sous-estimation de la véritable moyenne nationale. Il exclut les émissions des puits qui produisent et commercialisent à la fois du pétrole et du gaz ("puits de coproduction"). Elle est également liée à l'inventaire des gaz à effet de serre (GHGI) de l'EPA pour les systèmes de gaz naturel, qui montre que les émissions diminuent au fil du temps - alors que les données de mesure n'ont pas montré de baisse. En outre, elle ne tient pas compte des données récentes montrant que les émissions du segment de la distribution sont nettement plus élevées que les estimations de l'EPA.

2. Le passage à des estimations plus granulaires du méthane (par exemple, par producteur ou par bassin) peut être un moyen important d'encourager les investissements dans la réduction des émissions de méthane.

Une moyenne nationale unique est problématique pour 45V car elle n'encourage pas les fournisseurs de méthane en amont à réduire leurs taux de fuite. De nombreuses entreprises, dont certains membres de l'Oil & Gas Climate Initiative, se sont engagées à réduire considérablement leurs émissions de méthane au cours des prochaines décennies. Reconnaître ces réductions une fois qu'elles sont effectives est un moyen important d'inciter à poursuivre les améliorations.

Toutefois, il est important de noter que l'industrie de l'hydrogène ne devrait représenter qu'une petite partie de la demande globale de méthane, et que cette incitation de 45 V doit être associée à d'autres efforts visant à réduire les émissions de méthane de manière uniforme dans toutes les entreprises.

3. La sélection (ou l'optionnalité) ne devrait pas être autorisée si des taux spécifiques aux producteurs sont utilisés.

Les taux de fuite spécifiques aux producteurs doivent être "tout ou rien". Permettre à un producteur d'hydrogène de choisir entre soumettre son propre chiffre (qu'il choisira probablement s'il est inférieur à la moyenne nationale) ou une moyenne nationale fixe (qu'il choisira probablement s'il est supérieur à celle-ci) offrirait une carotte aux plus performants tout en récompensant les moins performants. 

La moyenne nationale par défaut telle qu'elle est proposée donnerait également une image faussée des performances du secteur dans son ensemble. Si seuls les moins performants réclament la moyenne nationale fixe (les plus performants utilisant leurs propres chiffres), ce chiffre par défaut est en fait inférieur à ce que chacun d'entre eux réalise. Pour rester exacte, la moyenne nationale devrait en fait être recalculée en supprimant les pays les plus performants. Sans cet ajustement à la hausse, 45V accorderait un crédit d'impôt à des producteurs qui ne le méritent peut-être pas pour des réductions d'émissions qu'ils n'ont pas réalisées.

4. Les estimations doivent être précises, vérifiées et contrôlées par un organisme gouvernemental central.

Le Trésor a reconnu que l'ensemble des mécanismes de vérification actuels ne permettait pas de valider les chiffres relatifs au méthane propres aux producteurs. Les systèmes existants de certification volontaire du gaz naturel varient considérablement en termes de couverture, de participation, d'intégrité et d'exigences en matière de vérification et de contrôle. Des études évaluées par des pairs et utilisant des mesures directes du méthane continuent de démontrer que les émissions réelles sont nettement plus élevées que les estimations autodéclarées contenues dans les inventaires officiels.

Le passage à des chiffres de méthane spécifiques aux producteurs nécessiterait donc la mise en place d'un mécanisme solide de mesure, de déclaration et de vérification. Cela pourrait se faire par le biais d'améliorations continues de la sous-partie W du programme de déclaration des gaz à effet de serre de l'EPA, étant donné que de nombreux fournisseurs de méthane en amont sont déjà tenus de déclarer leurs émissions de méthane dans le cadre de ce programme, sous la supervision de l'EPA. L'EPA s'est engagée à réexaminer la sous-partie W cet été et tous les deux ans par la suite. Lors de ces révisions, l'incorporation d'estimations régionales basées sur des mesures sera essentielle pour vérifier l'exactitude des données autodéclarées.

5. Les données mesurées (observées) sont plus précises

L'utilisation de taux de fuite fondés sur des mesures est le moyen le plus rigoureux et le plus précis sur le plan scientifique de comptabiliser les émissions de méthane en amont. De nombreuses études accessibles au public ont mesuré les taux de fuite de méthane dans les bassins des États-Unis à l'aide de mesures au sol, de mesures par avion ou de données satellitaires, ce qui permet de disposer d'estimations spécifiques aux bassins à des fins d'évaluation. De plus, des instruments à haute résolution sont de plus en plus disponibles. Par exemple, MethaneSAT est un satellite à venir capable d'une large couverture, d'une haute résolution spatiale et d'une grande précision. Ces données devraient être intégrées dans les futurs chiffres sur le méthane, afin qu'ils soient basés sur des émissions mesurées plutôt que sur des estimations.

EDF et CATF estiment que le respect de ces cinq principes est essentiel pour que 45V encourage l'utilisation d'un hydrogène véritablement propre et réponde aux objectifs climatiques de la loi sur la réduction de l'inflation. Il existe plusieurs options pour garantir une comptabilisation correcte des émissions en amont, comme indiqué ci-dessus. Cette question revêt une grande importance, car elle déterminera les investissements dans certaines filières de production d'hydrogène et les réductions d'émissions en amont, et pourrait en fin de compte déterminer dans quelle mesure le déploiement de l'hydrogène aux États-Unis sera bénéfique pour le climat.

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