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Quand la bonne science est mal communiquée

4 février 2015

La semaine dernière a été l'occasion de montrer ce qui se passe lorsqu'une série d'erreurs de communication transforme une bonne science en mauvais journalisme.

Une étude du MIT pourrait anéantir les espoirs de capture et de stockage du carbone dans les centrales au charbon C'est ce qu'on peut lire à la une de Forbes le 30 janvier. L'article indique : "une université de premier plan révèle que le ventre de la terre ne peut pas absorber autant de dioxyde de carbone qu'on le pensait auparavant".

C'est un sujet sérieux. Le ventre de la terre souffre du CO2-. Les espoirs de séquestration dans les centrales à charbon sont dégonflés - tout comme l'autre "grande" histoire de la semaine dernière concernant les ballons de football des New England Patriots.

Qui l'aurait deviné ? Eh bien, probablement pas les éditeurs de la Royal Society Publishing. Ils ont publié Mécanismes de piégeage du dioxyde de carbone géologiquement séquestré.l'article savant des chercheurs du MIT Yossi Cohen et Daniel Rothman qui est au centre de la controverse.

L'article de la revue est un travail réfléchi qui utilise des modèles informatiques pour simuler comment le CO2 se transforme en un solide par minéralisation, un processus qui peut prendre des milliers d'années. Les chercheurs du MIT suggèrent que le processus de minéralisation peut piéger une partie du CO2en ne transformant qu'une petite quantité en un minéral solide. Le reste reste soit piégé dans sa forme originale, soit dissous dans l'eau.

L'article du journal Cohen/Rothman ne fait aucune déclaration concernant les émissions de CO2 s'échappant vers la surface. Pas une seule. Il ne mentionne jamais les centrales à charbon. Voici la seule opinion de l'article sur le CSC : "La séquestration du CO2 dans des formations géologiques est largement considérée comme une approche importante pour atténuer l'augmentation des émissions atmosphériques de CO2 dans l'atmosphère."

Alors comment cet article apparemment anodin s'est-il transformé en mise en garde contre le CSC ? Voici une surprise. Ce n'est pas vraiment la faute du journaliste. La faute en revient carrément à l'équipe de communication du MIT chargée de faire connaître l'article de Cohen/Rothman, ainsi qu'aux chercheurs du MIT eux-mêmes.

Le communiqué de presse du MIT qui publie l'article de Cohen/Rothman commence par le titre "Sequestration on Shaky Ground". Mais il y a pire. Le site Web montre un graphique apparemment réaliste du CO2 s'échappant d'une paroi rocheuse et se dirigeant vraisemblablement vers la surface de la terre.

Je ne peux que deviner la chaîne de mauvaise communication au sein du MIT qui a conduit à ce titre et à ce graphique. Mais je soupçonne que cela s'est passé comme suit : l'équipe de communication du MIT, cherchant à trouver un moyen d'expliquer l'article à un public de profanes, obtient une citation du Dr Cohen qui apparaît ensuite dans le communiqué. "Si elle se transforme en roche, elle est stable et y restera définitivement. En revanche, s'il reste dans sa phase gazeuse ou liquide, il reste mobile et il peut éventuellement retourner dans l'atmosphère." Pas vraiment accablant, mais avec du travail, l'équipe de communication du MIT peut le rendre plus sensationnel.

Peu après, un communiqué de presse trompeur intitulé "Sequestration on Shaky Ground", accompagné d'un graphique très trompeur, apparaît sur le site web du MIT, prêt à inciter des journalistes autrement innocents à écrire des articles sur la mort du CSC, les problèmes des centrales au charbon et même le ventre de la Terre.

Maintenant, CATF a contacté le Dr. Rothman, soulignant comment le communiqué du MIT serait probablement mal utilisé. Lui et le Dr Cohen ont publié une clarification, qui est reproduite ci-dessous :

Post-scriptum à " Mechanisms for mechanical trapping of geologically sequestered carbon dioxide ", Proceedings of the Royal Society A 20140853 (2015).

Pour aider le lecteur profane intéressé, nous fournissons les clarifications suivantes :

  • Notre article traite des longues échelles de temps associées à la conversion du CO2 en minéraux solides.
  • Nous montrons comment ce processus de minéralisation peut agir pour piéger le CO2 non minéralisé et empêcher sa minéralisation ultérieure.
  • Le sort final du CO2 non minéralisé est une question non résolue qui n'est pas abordée dans notre article.

Le problème, bien sûr, c'est que ni la "clarification" ni le communiqué sur le web ne décrivent avec précision la signification de l'article. Il ne s'agit certainement pas de fuites, comme le décrit mon collègue Bruce Hill dans la réponse technique.

Mais suite à la mauvaise publication sur le web du MIT, d'innombrables milliers de personnes lisent des articles sur la façon dont cette étude montre que "la séquestration repose sur des bases fragiles", y compris des décideurs politiques qui doivent trouver un moyen de lutter contre le réchauffement climatique.

Les dommages causés par ces articles trompeurs sont réels. Ils nuisent à la compréhension par le public d'un outil important dans la lutte contre le changement climatique et peuvent l'emporter sur la valeur scientifique de l'article original.

Et les dommages causés par ces articles trompeurs ne se limitent pas à la CSC. Ils nuisent à tous les sites crédibilité de tous les scientifiques. La semaine dernière, les journaux ont également présenté un sondage PEW qui concluait, entre autres, que les scientifiques étaient perçus de manière légèrement plus négative qu'il y a cinq ans.

Quelles leçons devons-nous donc tirer de ce récit édifiant ? Lorsque des chercheurs choisissent de communiquer leurs travaux à un public non initié, ils doivent consacrer autant de temps à "bien rédiger l'article pour les non initiés" qu'à bien faire les calculs dans l'article du journal. Ce n'est pas ce qui s'est passé ici.

Si l'équipe de communication du MIT est en train de se réjouir du fait que Forbes a repris son article sur le web, elle devrait poser ses lunettes. Peut-être que ça fait bien pour les donateurs du MIT. Mais cette histoire n'est pas une raison de se réjouir. C'est un embarras. C'est dommageable. C'est un mauvais service rendu au journalisme et à la science.

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