
L'audition de confirmation du commissaire désigné Hoekstra : Principales politiques, promesses et défis à venir

Ce jeudi, Wopke Hoekstra a présenté sa vision et demandé au Parlement européen de confirmer sa nomination au poste de commissaire européen chargé du climat, de la croissance nette zéro et de la croissance propre. Mais qu'a-t-il dit - ou omis de dire - au cours des trois heures de questions posées par les députés européens ?
Dans son discours d'introduction, le commissaire désigné s'est engagé à "maintenir le cap" de l'action climatique, afin d'atteindre la neutralité climatique d'ici à 2050. Dans cette optique, il a réitéré l'importance de la mise en œuvre intégrale de la législation existante en matière de climat et d'énergie. Un autre thème clé de ses remarques a été la nécessité d'aligner la compétitivité industrielle sur la neutralité climatique, en visant une synergie où les deux objectifs se renforcent l'un l'autre.
La cible manquante
Si l'UE a déjà pris des engagements juridiquement contraignants en matière de climat pour 2030 et 2050, elle doit encore se mettre d'accord sur un objectif intermédiaire pour 2040. Lors de l'audition de confirmation, M. Hoekstra a fait écho aux assurances données par le président de la Commission, M. von der Leyen, ainsi qu'à sa propre lettre de mission, réaffirmant qu'il proposerait un objectif contraignant de réduction des émissions de 90 % d'ici à 2040. C'est encourageant, mais il faut encore clarifier le calendrier.
En outre, il est important que la Commission décompose l'objectif global en sous-objectifs dédiés à la réduction des émissions, au piégeage du carbone et à l'absorption permanente du carbone. Avec des objectifs distincts qui tiennent compte des défis et des avantages propres à chaque domaine, les décideurs politiques seront en mesure de suivre les progrès, d'encourager et d'adapter des politiques spécifiques dans les trois domaines sans compromettre les efforts de décarbonisation.
Accord sur l'industrie propre
Dans sa déclaration, M. Hoekstra s'est engagé à travailler avec ses collègues commissaires pour présenter le nouveau Clean Industrial Deal dans les 100 premiers jours de son mandat, la compétitivité de l'industrie européenne restant au cœur de l'agenda de la nouvelle Commission.
Il s'agit d'un message politique fort, mais qui devra être étoffé dans les mois à venir. Les détails concernant la portée et les initiatives spécifiques de l'accord doivent encore être clarifiés, et l'initiative nécessitera une coordination solide entre les différentes parties de la Commission. Il est à espérer que les auditions de Séjourné et de Ribera, la semaine prochaine, permettront d'en savoir plus sur la politique en matière de technologies propres à mener dans le cadre de ce mandat.
S'attaquer aux secteurs difficiles à abattre
Comme l'a fait remarquer M. Hoekstra, les technologies de captage et de stockage du carbone (CSC) seront nécessaires pour décarboniser les industries européennes. Concrètement, le commissaire a déclaré : "Nous ne pouvons pas nous sortir de la crise climatique par le captage et le stockage du carbone, mais la contribution du captage et du stockage du carbone peut être potentiellement énorme".
Le CSC est sans aucun doute la solution la plus nécessaire pour réduire les émissions dans les secteurs où il est très difficile de le faire, tels que le ciment, la chaux, la valorisation énergétique des déchets et certains procédés pétrochimiques, où les émissions de CO2 ne sont pas liées à la combustion de combustibles fossiles mais proviennent directement des processus de production intrinsèques, et où le CSC est donc la seule option disponible pour décarboniser le secteur.
Les références aux infrastructures, aux marchés et au financement sont prometteuses, car il s'agit de pièces cruciales du puzzle. Toutefois, elles devront être transformées en actions concrètes au cours des prochains mois.
En outre, la Commission doit veiller à ce que les industries de toutes les régions d'Europe puissent accéder au stockage du CO2 à des coûts abordables. Actuellement, la concentration des installations de stockage en Europe du Nord pourrait signifier que les industries d'Europe du Sud et de l'Est risquent de payer jusqu'à six fois plus que leurs homologues du Nord pour utiliser le CSC dans leurs efforts de décarbonisation, à moins que la Commission ne coordonne efficacement le transport du CO2 et la répartition géographique des sites de stockage du CO₂ dans l'UE.
Prendre en compte les émissions négatives
Le commissaire désigné Hoekstra a reconnu la complexité de l'intégration potentielle de l'absorption du carbone dans le système d'échange de quotas d'émission de l'UE (SCEQE). La Commission est en effet chargée d'évaluer, d'ici à 2026, si et comment les absorptions permanentes de carbone peuvent être intégrées dans le SCEQE.
Alors que les absorptions joueront un rôle crucial pour atteindre la neutralité climatique d'ici 2050 et parvenir à des émissions négatives par la suite, la Commission doit évaluer soigneusement toutes les implications et les différentes options pour intégrer les absorptions permanentes de carbone dans le SCEQE, ainsi que d'autres alternatives politiques en dehors du SCEQE. La Commission doit veiller à ce que les réductions d'émissions ne soient pas découragées et garantir l'intégrité environnementale du système.
CATF prépare actuellement un rapport, en collaboration avec Concito, qui sera publié début décembre 2024, sur l'impact des différents mécanismes d'intégration des absorptions dans le système d'échange de quotas d'émission.
Renforcer les plans nationaux
Le commissaire désigné a également souligné le rôle clé des États membres pour garantir que l'UE atteigne ses objectifs en matière de climat. Comme l'a reconnu la Commission, les États membres sont encore loin d'exploiter pleinement le potentiel des plans nationaux pour l'énergie et le climat (PNEC) en tant qu'outils de planification et d'investissement efficaces. CATF espère que la Commission jouera un rôle plus proactif en soutenant les ambitions des pays en matière de planification et que les États membres veilleront à ce que les PNEC deviennent des plans d'action tangibles pour la politique nationale, les dépenses et le déploiement des technologies.
Faire adhérer d'autres régions
Le changement climatique est un défi mondial, et pas seulement européen. L'UE s'enorgueillit d'être un chef de file de l'action climatique sur la scène internationale. Le commissaire désigné Hoekstra devra tirer parti de toute la diplomatie de l'UE, de son influence sur les marchés et de ses ressources techniques et financières pour stimuler les efforts de décarbonisation dans le monde entier. La Commission devra également faire preuve d'ouverture technologique, reconnaître les contextes nationaux uniques et travailler en collaboration avec un large éventail de coalitions internationales afin de faire progresser le déploiement des technologies propres à l'échelle mondiale.
Quelle est la prochaine étape ?
Le commissaire désigné a été confirmé par le Parlement. Les mois à venir seront cruciaux pour étoffer les idées et les initiatives mentionnées et pour mieux évaluer sa capacité à atteindre les objectifs ambitieux.
Après les évaluations des commissions compétentes, la Conférence des présidents procédera à une évaluation finale et devrait officiellement clôturer les auditions le 21 novembre. Une fois que la Conférence des présidents aura confirmé que toutes les auditions sont closes, les lettres d'évaluation seront publiées.
Le collège complet des commissaires sera ensuite soumis à la confirmation finale des membres du Parlement européen lors de la session plénière qui se tiendra du 25 au 28 novembre.