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Des nuages dans le ciel

L'UE ouvre la voie à la certification de l'absorption du carbone : Recommandations et principes clés  

19 mai 2022 Domaine d'activité : Capture du carbone

Co-écrit par Eve Tamme, directrice générale, Climate Principles  

Renouant avec son leadership mondial en matière de climat, l'Union européenne (UE) est à l'avant-garde d'un mécanisme de certification pour l'élimination du dioxyde de carbone (CDR). Si les décideurs politiques doivent continuer à se concentrer sur une réduction rapide et à court terme des émissions, il est devenu évident que le monde devra retirer de grandes quantités de dioxyde de carbone de l'atmosphère par le biais de la RDC. Si plusieurs États membres de l'UE ont déjà commencé à élaborer des politiques de soutien à la RDC, des lacunes subsistent au niveau de l'UE. Avec le mécanisme de certification à venir, l'UE a l'occasion unique de sauvegarder la valeur climatique de la CDR en établissant une norme mondiale que les autres pays pourront suivre.   

Le dernier rapport du groupe de travail III du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) confirme que le REC est un outil essentiel dans la boîte à outils du climat. En effet, même si le monde parvient à réduire considérablement les émissions à court terme, nous devrions avoir besoin de centaines de gigatonnes de CDR cumulées d'ici la fin du siècle. Le GIEC souligne que la CDR peut contribuer à réduire les émissions nettes à court terme, à contrebalancer les émissions résiduelles et à atteindre et maintenir des émissions nettes négatives à long terme.  

Mais pour que la CDR remplisse ces rôles dans l'atténuation du climat, elle doit être mesurée de manière rigoureuse, bien gouvernée et étendue grâce à des régimes d'incitation spécifiques. Actuellement, il n'existe pas de normes largement acceptées pour la certification du REC et les règles informelles existantes sont le fruit d'initiatives privées. L'absence de réglementation crée des risques substantiels pour l'environnement et pour la protection des consommateurs, car de nombreuses déclarations d'élimination duCO2 manquent souvent de transparence méthodologique ou technique, ainsi que de comparabilité. En outre, une intervention réglementaire est nécessaire pour préserver les avantages climatiques de la mise à l'échelle permanente de la RDC. En apportant la clarté nécessaire, le mécanisme de certification de l'UE est en passe de jeter les bases d'un déploiement responsable de la CDR en Europe, dans le cadre de l'objectif de neutralité climatique de l'Union. Un mécanisme de certification rigoureux constituerait un signal fort de soutien politique et renforcerait la confiance du public dans le fait que le REC présente des avantages fiables pour le climat. Ainsi, la législation européenne à venir devrait garantir que les absorptions de carbone certifiées dans le cadre de ce mécanisme sont réelles, mesurables, supplémentaires, permanentes, n'entraînent pas de fuites et évitent le double comptage. 

La certification de l'élimination du carbone représente également une excellente occasion pour l'UE de briser les lignes de faille conventionnelles entre les méthodes naturelles et technologiques de réduction des émissions de carbone. Cette dichotomie inutile n'a non seulement pas permis de clarifier la qualité des suppressions, mais elle détourne également l'attention de la question de la permanence, crée de la confusion par le biais de diverses interprétations et divise les parties prenantes. La meilleure solution serait de s'inspirer de l'approche du GIEC et de classer et certifier clairement les méthodes de réduction des émissions de carbone en fonction du processus d'élimination (terrestre, océanique, géochimique ou chimique) et de l'échelle de temps estimée pour le stockage du carbone (décennies à siècles, siècles à millénaires, au-delà de dix mille ans). Les options d'élimination du carbone ne devraient pas être une question de choix de technologies privilégiées, mais une question d'élimination permanente des émissions nocives de notre atmosphère. 

Un mécanisme de certification rigoureux permettrait également d'encourager une augmentation substantielle des méthodes de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l'UE afin d'atteindre la neutralité climatique d'ici 2050. L'exigence d'un suivi, d'un rapport et d'une vérification solides, ainsi que la divulgation publique des crédits utilisés sur les marchés volontaires et de conformité, peuvent contribuer à éviter le double comptage, renforçant ainsi la confiance du public et les avantages pour le climat.  

Le mécanisme de certification devrait également guider le marché volontaire du carbone dans le secteur privé. Le rôle du secteur privé dans la promotion de la RDC est de plus en plus important, et la collaboration entre les secteurs public et privé déterminera le succès du mécanisme de certification. Il est donc crucial de fournir aux parties prenantes une indication claire de la manière dont le mécanisme de certification s'appliquera aux marchés volontaires et de conformité, et de la manière dont cela évoluera au cours des prochaines décennies. 

Le CDR représente un ensemble essentiel d'options pour aider à résoudre la crise climatique. Si le REC doit remplir sa valeur climatique, il doit être strictement réglementé par des normes mondiales afin de garantir sa qualité et sa permanence. Au cours des mois à venir, la Commission européenne, en tant que pionnière du mécanisme de certification du REC, a la responsabilité inégalée d'adopter les normes environnementales les plus élevées, afin de renforcer la crédibilité de l'UE en tant que leader climatique et de fournir une référence mondiale pour la certification du REC.  

Principales recommandations 

  1. La législation européenne à venir devrait garantir que les absorptions de carbone certifiées dans le cadre de ce mécanisme sont réelles, mesurables, additionnelles, permanentes, ne donnent pas lieu à des fuites et évitent le double comptage. 
  1. L'UE devrait définir des rôles institutionnels clairs pour superviser et mettre en œuvre le cadre de certification, en garantissant une gouvernance et une conformité solides. 
  1. L'UE devrait mettre en place des conseils consultatifs au niveau européen afin de garantir l'harmonie au sein du bloc et des normes élevées pour le mécanisme de certification. Il pourrait s'agir d'un conseil consultatif scientifique, chargé d'atteindre l'excellence en matière de preuves scientifiques et de rigueur, et d'un conseil consultatif composé d'acteurs du marché et d'autres parties prenantes de la société civile, chargé d'informer l'évolution du mécanisme de certification.  
  1. L'UE devrait fournir aux parties prenantes une indication claire sur la manière dont le mécanisme de certification alimentera les marchés volontaires et de conformité, et sur la manière dont cela devrait évoluer au cours des prochaines décennies. 

Lors de l'établissement du mécanisme de certification, il est essentiel que la Commission s'assure que le mécanisme n'inclut que les méthodes qui adhèrent aux principes de base minimaux du PCEM.  

Les principes qui guident la certification de l'élimination du dioxyde de carbone sont les suivants :   

  • Réel - Le CO2 est retiré de l'atmosphère et stocké durablement. 
  • Mesurable - Le CO2 éliminé est quantifié grâce à des règles solides de surveillance, de rapport et de vérification. 
  • Permanent - Lorsque la durabilité du stockage du CO2 n'est pas à long terme (au-delà de 1000 ans), des mécanismes juridiques et financiers assurent la permanence du stockage du CO2 à perpétuité.  
  • Additionnalité - Les activités de la CDR s'ajoutent à celles requises par les politiques et réglementations existantes. Par exemple, ces activités n'auront pas lieu en l'absence de financement provenant de la vente de crédits de carbone, lorsqu'un tel financement est utilisé. 
  • Éviter les fuites - Les activités d'élimination ne provoquent pas d'émissions dans d'autres lieux géographiques en raison de l'évolution du marché ou d'autres changements. Pour s'en assurer, il faut procéder à une analyse du cycle de vie conséquente et solide, avec des limites de système du berceau à la tombe. Le potentiel de fuites physiques à partir des sites de stockage du CO2 est traité par des mécanismes juridiques et financiers. 
  • Éviter le double comptage - Les certificats d'absorption pour la même activité ne sont pas émis, utilisés ou réclamés par plus d'une entité. Cet aspect est très pertinent étant donné que la certification des absorptions de carbone devrait avoir un effet de levier sur les marchés volontaires du carbone, et que les absorptions de carbone sont également considérées comme intégrées dans les cadres réglementaires et de conformité de l'UE. 
  • Durabilité - Les externalités négatives qui peuvent découler des implications sociales et environnementales de la CDR sont traitées par une réglementation stricte afin de garantir que les projets de CDR n'entraînent aucun préjudice net pour l'environnement et les personnes. 

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