
Le point de vue des vice-présidents sur la nouvelle législature de l'UE

Cette semaine a eu lieu le dernier tour des auditions de confirmation du Collège des commissaires. S'ils sont confirmés, Teresa Ribera, vice-présidente exécutive chargée de la transition propre, juste et compétitive, et Stéphane Séjourné, vice-président exécutif chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle, joueront un rôle très influent dans la nouvelle équipe de la présidente de la Commission, Mme von der Leyen.
L'accord sur l'industrie propre
Les attentes sont grandes en ce qui concerne le prochain Clean Industrial Deal, qui devrait être dévoilé dans les 100 premiers jours du mandat de la nouvelle Commission. Un sentiment d'urgence s'est manifesté au cours des discussions, avec plusieurs références à l'évaluation désastreuse de l'état actuel et des perspectives d'avenir des industries de l'UE dans le rapport Draghi.
Cependant, peu de détails ont été publiés jusqu'à présent sur les mesures tangibles qui composeront le nouveau Clean Industrial Deal. Les auditions d'hier ont donné un aperçu limité des nombreuses initiatives prévues dans le cadre de l'accord, car les membres du Parlement européen (MEP) se sont davantage concentrés sur la politique nationale que sur les spécificités du programme phare de la prochaine Commission.
Les récents débats ont mis en évidence la complexité de l'équilibre entre les priorités clés de l'UE - la compétitivité, la décarbonisation et une transition juste. Les deux candidats au poste de vice-président exécutif ont souligné l'idée que ces objectifs peuvent se renforcer mutuellement, et Teresa Ribera s'est engagée de manière prometteuse à poursuivre la mise en œuvre du marché vert européen. Cependant, les informations sur les nouvelles initiatives potentielles manquent encore.
L'approche présentée par Stéphane Séjourné pourrait s'avérer utile pour décarboniser les industries difficiles à abattre, en se concentrant sur les défis spécifiques au secteur et sur les technologies nécessaires pour les décarboniser. Toutefois, outre l'acier, il n'est toujours pas clair quels autres secteurs seront considérés comme "stratégiques" et inclus dans cette approche.
Une approche neutre sur le plan technologique
Pour atteindre la neutralité climatique d'ici 2050 et garantir la sécurité énergétique dans toute l'Europe, il faudra déployer un ensemble diversifié de technologies à faible ou sans émission de carbone. CATF a toujours plaidé en faveur d'une approche basée sur la flexibilité et l'optionnalité, reconnaissant que différentes régions et différents secteurs peuvent nécessiter des solutions variées et devront prendre en considération les risques associés aux voies de décarbonisation reposant sur un ensemble étroit de solutions.
Alors que la neutralité technologique était un principe clé des lettres de mission des commissaires, l'engagement d'en faire une réalité doit encore être étayé par des actions concrètes. Répéter que les États membres décident en toute indépendance de leur bouquet énergétique n'apporte pas de réponse claire à la question du soutien aux différentes technologies. Des actions supplémentaires sont nécessaires pour évaluer si cet engagement va au-delà de la rhétorique et se traduira réellement par un soutien équilibré à toutes les technologies essentielles aux objectifs de décarbonisation de l'UE.
Défis en matière de financement
Pour décarboniser son économie et relancer son industrie, l'UE aura besoin d'investissements massifs. Les vice-présidents exécutifs désignés n'ont apporté que peu d'éclaircissements sur le financement disponible pour soutenir le "Clean Industrial Deal", qui dépendra en tout état de cause des négociations budgétaires à venir. Ils ont toutefois mentionné plusieurs initiatives visant à combler le déficit de financement, notamment le Fonds européen pour la compétitivité.
Outre la stratégie d'investissement dans les énergies propres mentionnée par le commissaire désigné à l'énergie, M. Jørgensen, les marchés publics ont été présentés comme un outil important. M. Séjourné, par exemple, a déclaré qu'il aimerait voir les gouvernements passer "du moins-disant au mieux-disant". Étant donné que les marchés publics représentent environ 14 % du PIB annuel de l'UE, l'intégration de la qualité, de la durabilité et de la résilience en tant que critères clés pourrait contribuer à la création d'un marché de la demande pour les produits décarbonés.
Les aides d'État ont également été évoquées comme un domaine nécessitant une révision pour mieux soutenir les industries en Europe. Cependant, toute réforme des aides d'État devrait aborder la question complexe de la cohésion de l'UE, car tous les États membres ne disposent pas des mêmes ressources pour soutenir leurs industries.
Les auditions ont également porté sur l'établissement de nouveaux projets importants d'intérêt européen commun (IPCEI) dans des secteurs et des technologies stratégiques. Cette tâche cruciale sera dirigée par le vice-président Séjourné et soutenue par le vice-président Ribera, si sa nomination est confirmée. Les IPCEI ont fait leurs preuves en matière d'accélération de la production industrielle et de déblocage des investissements privés, comme en témoignent des secteurs tels que la microélectronique, les batteries et l'hydrogène. Mais la question reste de savoir quels autres secteurs stratégiques seraient inclus dans le cadre élargi ? CATF et 30 membres de la communauté de la gestion industrielle du carbone ont demandé la création d'une IPCEI consacrée à la gestion industrielle du carbone.
Quelle est la prochaine étape ?
Après les évaluations des commissions compétentes, la Conférence des présidents procédera à un examen final et devrait conclure officiellement les auditions le 21 novembre.
Le collège complet des commissaires sera ensuite soumis à la confirmation finale des députés européens lors de la session plénière prévue du 25 au 28 novembre.
Les mois qui suivront les auditions et la confirmation de la Commission seront cruciaux pour développer les idées et les initiatives proposées et pour évaluer leur capacité à atteindre les objectifs ambitieux fixés.