L'intensité en carbone des huiles végétales doit tenir compte des effets de substitution entre les marchés
Les calculs d'intensité carbone pour les carburants à base d'huile végétale doivent tenir pleinement compte des effets des substitutions entre marchés, conformément aux restrictions imposées par le Congrès aux distillats d'acide gras de palme.
Le détournement de certaines huiles végétales vers le secteur de l'énergie peut créer des déficits d'approvisionnement qui pourraient être comblés par de l'huile de palme à forte teneur en carbone.
Le Congrès a cherché à empêcher l'expansion de l'utilisation de l'huile de palme au niveau mondial en adoptant la section 45Z. L'huile de palme elle-même ne pourra pas bénéficier du crédit 45Z, car son analyse du cycle de vie (ACV) est beaucoup trop élevée. Par exemple, CORSIA situe l'intensité carbone de l'huile de palme entre 76,5 et 99,1 gCO2e/MJ, et l'EPA a déterminé que l'intensité carbone du biodiesel à base d'huile de palme est de 80,7 gCO2e/MJet de 86,7 g CO2e/MJ1 pour le diesel renouvelable à base d'huile de palme. Mais comme l'huile de palme est l'huile végétale la moins chère au monde, elle est souvent utilisée pour combler les lacunes des autres marchés d'huile végétale lorsque ces huiles sont transférées vers le secteur de l'énergie.
Les distillats d'acides gras de palme (PFAD) en sont un exemple. Les PFAD sont un sous-produit de l'huile de palme qui est éliminé au cours du processus de raffinage et qui représente environ 4 % de l'huile de palme brute en masse. Les PFAD sont souvent considérés comme des déchets ou des résidus, mais il existe une demande non énergétique pour les PFAD de la part des producteurs de produits oléochimiques, de savons et d'aliments pour animaux. L'utilisation des PFAD comme matière première énergétique crée des déficits d'approvisionnement qui sont généralement comblés par des huiles végétales, en particulier l'huile de palme. Et si ce déficit "se traduit par une plus grande utilisation de l'huile de palme pour les produits oléochimiques, les savons et les aliments pour animaux, alors le résultat net peut être similaire à l'utilisation directe de l'huile de palme pour la production de biocarburants". Compte tenu de l'ACV élevé de l'huile de palme, un tel résultat irait à l'encontre des exigences claires de l'article 45Z.
Les modèles utilisés pour déterminer l'intensité en carbone des carburants à base d'huile végétale doivent tenir pleinement compte des substitutions entre marchés.
Pour combler cette lacune potentielle, la section 45Z interdit l'utilisation des PFAD pour fabriquer des SAF. En interdisant les PFAD, le Congrès a clairement montré qu'il était préoccupé par les effets de substitution indirects du détournement des PFAD vers les carburants de transport, ce qui entraîne une demande accrue d'huiles primaires telles que l'huile de palme pour combler le vide. De même, le Trésor doit veiller à ce que ses orientations relatives à la norme 45Z n'entraînent pas une demande indirecte d'huile de palme pour remplacer d'autres huiles végétales. Par exemple, lorsque l'huile de soja est transférée des secteurs non énergétiques vers les secteurs énergétiques (par exemple pour la fabrication de carburant pour les transports), l'huile de palme est le produit marginal sur le marché mondial qui comble cette lacune. Aux États-Unis, il est prouvé que la production de "biodiesel de soja entraîne une augmentation de la consommation d'huile de palme", comme l'illustre la figure ci-dessous. Pour éviter une augmentation de la production d'huile de palme, le Trésor doit veiller à ce que les modèles utilisés pour déterminer l'intensité en carbone des carburants à base d'huile végétale identifient et tiennent pleinement compte les émissions qui résultent des substitutions entre marchés.
Figure 1. L'huile de soja américaine utilisée pour le biodiesel et les importations d'huile de palme.
Pour plus d'informations, voir les commentaires complets de CATFsur 45Z.
Notes de bas de page
1. Le facteur de conversion entre les gCO2e/MJet les kgCO2e/mmBTUest de 1,055, selon la conversion ci-dessous :
Par conséquent, les valeurs en gCO2e/MJsont comparables aux valeurs en kgCO2e/mmBTU.
